F comme Frimat

Non, il n'y a pas de faute d'orthographe dans le titre. J'ai bien écrit FRIMAT. C'est le nom de famille de l'époux de la sœur de mon arrière-grand-père. 

Clémentine Marie Lauxerrois a épousé à Nogent-sur-Seine le 26 juillet 1886 Henri Louis Frimat. Elle est la demi-sœur d'Arthur avec lequel vous avez déjà fait connaissance à la lettre A. Elle a 21 ans et il en a 35 au jour de leur mariage. Petit clin d’œil du destin : quand le journal annonce la naissance de Clémentine, si on regarde bien l'article précédent qui met à l'honneur les écoliers les plus méritants, on trouve le nom de son futur époux ! 

Je me suis demandé quelle était l'origine de la famille Frimat. Et je suis patiemment remontée. 

Car Henri Louis Frimat est né à Nogent-sur-Seine lui aussi, en 1851 ; je ne pense pas qu’il ait connu une première union avant d’épouser Clémentine le 21 juillet 1886. Ils auront deux fils ; Léon né en février 1887, sept mois seulement après le mariage qui a peut-être été décidé pour cette raison, puis Maurice en août 1895. Si je me souviens bien de ce que me racontait ma grand-mère , l’un des deux aura une fille sourde et muette, très affectueuse, qu’adorait ma grand-mère, prénommée Germaine si c’est la fille de Léon, Geneviève si c’est celle de Maurice. Pour le moment, je n'ai aucun moyen de le découvrir.

Cependant ce n'est pas la descendance mais plutôt les ancêtres d’Henri, les FRIMAT, qui m’ont intéressée. Henri est marchand chapelier quand il épouse Clémentine. Il est le fruit du deuxième mariage de sa mère Cécile Madin, qui, veuve d’un chapelier est devenue chapelière, puis a épousé un certain Alexis Joseph Frimat. La petite sœur d’Henri, Eugénie, épousera – ça ne s’invente pas ! – Auguste... Chapotot. 

Revenons à leur père Alexis. Il n’est pas Nogentais, il est Lillois, né en 1807. J’ai essayé de remonter son arbre généalogique. Il est le fils de Marie Rictude Brunelle (au passage, si vous cherchez un joli prénom féminin, n’oubliez pas Rictude, trop méconnu ! ) cuisinière née à Marchiennes, et de Jacques Joseph Frimat, tourneur et fabricant de chaises. Il est né en 1771 et en 1793 on le retrouve volontaire au 3e bataillon de la Réquisition de Lille. Quand il se marie avec Marie Rictude en 1806, il est veuf depuis moins d’un an d’une dentellière qui lui a déjà donné 4 enfants, dont les derniers sont en très bas âge, et Marie Rictude lui donnera à son tour 5 autres enfants.

J’aurais aimé remonter plus haut dans l’arbre des Frimat, mais je ne le pourrai pas car Jacques Joseph est un enfant trouvé. 

Voilà ce qu’on lit  sur son acte de baptême :  

« le 15 janvier 1771, je soussigné vicaire de la paroisse Sainte Catherine, ay baptisé Jacques, Joseph Frimat, nom imposé à raison qu'il fut trouvé hier 6h 1/2 le soir rue Sainte Catherine et levé par Pierre Joseph Deleforge, garde de la charité générale de cette ville, ledit enfant est nouvellement né, ont été parrain Jacques Joseph Roussel et marraine Henriette Josephe Duriez lesquels ont déclaré ne savoir écrire. signé Lepercq vicaire à Sainte Catherine ». 


En janvier 1771, il faisait moins 10°C quand le petit bébé a été déposé dans la rue. 


"FRIMAS n. m. xve siècle. Dérivé de l'ancien français frume, frime, « gelée blanche », issu du francique *hrîm, « givre ». Brouillard froid et épais qui forme du givre en tombant. Des arbres recouverts de frimas. La saison des frimas, l'hiver." (Dictionnaire de l'Académie)

Ce nourrisson y a gagné son nom, Frimat, avec un T cette fois, pour rappeler les circonstances du moment où il a été recueilli. 

Exposé par -10°C dans la rue, même bien emmailloté, juste après la naissance... ou on en meurt, ou ça vous rend plus fort ! Il mourra seulement en 1840 à 69 ans.


D’autres enfants trouvés sont nommés selon l’endroit de leur dépôt ; ils sont assez nombreux semble-t-il à Lille. 

Marie Duchapeau Vert, un nom d'héroïne de roman ! 


En faisant des recherches sur le sujet, j’ai trouvé un blog extrêmement touchant, parlant des vêtements que portaient les enfants trouvés et qu’on notait soigneusement s’il était possible un jour de donner des indications sur leur famille. 

Allez voir ici

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La généalogie, pour moi c’est tout sauf des dates et des noms froids, sans âme. Et ce ne sont pas les liens du sang qui m’intéressent mais toutes ces vies minuscules, oubliées, qui resurgissent brusquement avec une charge romanesque extraordinaire.



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